Communiqué de presse de la Marche Mondiale des Femmes – 27 mars 2023
La Marche mondiale des femmes (MMF) joint sa voix à toutes celles qui réclament aujourd’hui justice et liberté définitive pour Pinar Selek. Plusieurs militantes de la MMF font partie de la délégation internationale qui assistera à l’audience fixée au 31 mars à 10h par le Tribunal criminel d’Istanbul, d’autres militantes se rendront à Paris pour participer aux 72 heures de solidarité avec Pinar Selek.
25 ans de harcèlement juridico-politique pour tenter de briser et faire taire cette militante, écrivaine et sociologue, qui voue sa vie entière à une lutte pacifiste pour l’émancipation et la libération des peuples opprimés – notamment kurdes et arméniens- et à la défense des droits des femmes, filles et personnes lgbtiqa+, des enfants de rue et des prostituées.
Arrêtée en 1998 parce qu’elle a refusé de donner le nom des Kurdes qu’elle a interviewé-e-s dans le cadre de ses recherches en sociologie, emprisonnée, torturée, maltraitée pendant plus de deux ans avant d’être libérée, Pinar Selek subit actuellement pour la cinquième fois un procès monté de toutes pièces. C’est en prison que Pinar Selek a appris qu’elle était accusée de terrorisme, suite à une explosion accidentelle qui avait eu lieu sur le Marché aux épices à Istanbul – sans aucun lien avec elle. Quatre fois innocentée à (2006, 2008, 2011 et 2014), elle s’est à chaque fois trouvée face à un procureur faisant appel, et arbitrairement accusée de terrorisme.
Pinar Selek, nous l’avons rencontrée pour la première fois en 2019, lors d’une rencontre européenne « Femmes, Migration, Refuge » que nous avions organisée sur trois jours à Genève. Dès le premier jour, sa force et sa joie communicatives ont emporté l’adhésion de toute l’assemblée : aux 16 ateliers prévus le lendemain pour définir une plateforme de revendications, elle proposait d’en ajouter un, tourné vers l’action. C’était le début d’une longue histoire commune qui a abouti à « Toutes aux Frontières », une grande manifestation féministe transnationale qui a eu lieu à Nice le 5 juin 2021, en plein Covid, et à la pétition européenne pour une reconnaissance effective des motifs d’asile propres aux femmes, aux filles et aux personnes lgbtiqa+ qui est actuellement débattue à Bruxelles par plusieurs commissions européenne.
Que cette militante féministe, engagée corps et âme pour les valeurs de justice, de paix, de liberté, de solidarité et d’égalité qui sont aussi les nôtres, soit victime depuis plus de 25 ans de fausses accusations et aujourd’hui accusée par la Cour Suprême de Turquie dépasse l’entendement. C’est pourquoi nous joignons nos voix à toutes celles qui demandent que Pinar Selek soit une fois pour toutes acquittée et libérée de ce harcèlement juridico-politique intolérable et antidémocratique