223 ONG appellent les Nations unies à agir en faveur du droit à l’avortement

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Par la Déclaration et le Programme d’action de Vienne, les États ont convenu de prioriser la réalisation des droits humains de toutes les femmes. À travers le monde, de l’Irlande jusqu’en Argentine, en passant par la Corée du Sud, la Pologne et la République démocratique du Congo, des militantes et des militants pour les droits humains des femmes descendent dans la rue,

 font appel aux tribunaux et passent au vote pour reprendre le contrôle de leurs corps et de leurs vies en réclamant l’accès à des soins complets pour l’avortement. Nous nous unissons solidairement pour reconnaître les racines communes des formes de discrimination multiples et intersectionnelles, dans nos luttes.
Monsieur le Président,Même si la santé et les droits sexuels et génésiques (SDSG) sont largement reconnus en droit international, les militant-es pour les droits humains des femmes (MDHF) qui mènent cette lutte rencontrent souvent du harcèlement, de la discrimination, la criminalisation et la violence physique. Comme le souligne la résolution no 68/181 de l’Assemblée générale de l’ONU, la toute première à être consacrée aux MDHF, ces abus constituent des violations des droits individuels fondamentaux à la vie, à la liberté, à l’intégrité psychologique et physique, à la vie privée et aux libertés d’opinion, d’expression, d’association et de réunion pacifique.

Les violations de droits humains des militant-es pour le droit à l’avortement et des fournisseuses et fournisseurs de services d’avortement font partie d’un mouvement plus large d’hostilité à l’encontre des droits sexuels et génésiques qui vise à instrumentaliser le corps et la vie des femmes. Par leurs lois et politiques restrictives et/ou discriminatoires, certains États échouent à prévenir ces violations ou les perpétuent activement. Ce faisant, ils institutionnalisent la stigmatisation de l’avortement et créent un environnement de travail hostile aux fournisseuses et fournisseurs de services d’avortement. Plusieurs de ces professionnel-les persistent, mais d’autres se voient harcelé-es ou menacé-es jusqu’à devoir cesser de fournir ces soins. Ceci force des personnes – y compris des filles – en situation de grossesse non désirée à devoir risquer leur vie, leur santé et leur bien-être en se tournant vers des formes d’avortement pratiquées dans des conditions dangereuses. Or l’État a l’obligation d’abroger toute loi, politique ou pratique qui criminalise, entrave ou fragilise l’accès individuel ou collectif à des établissements, services, biens et informations de santé – et ceci inclut les lois restrictives sur l’avortement.

Les États ne peuvent plus ignorer les preuves scientifiques, la jurisprudence et le consensus grandissant, parmi les instances de droits humains, qui affirment que le droit à l’avortement est un droit humain. La criminalisation de l’avortement et le défaut d’assurer l’accès à des soins complets pour l’avortement sont considérés comme des violations, entre autres, des droits à la santé, à l’autonomie corporelle et à la protection contre la discrimination, du droit de bénéficier des progrès scientifiques, du droit à la vie privée et du droit à la protection contre la torture et les traitements cruels, inhumains ou dégradants.1 De plus, l’impunité des attaques à l’encontre des militant-es pour le droit à l’avortement, y compris les fournisseuses et fournisseurs de services d’avortement, est une violation claire des principes de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’homme.

Par conséquent, aujourd’hui, le 28 septembre, en cette Journée mondiale d’action pour l’accès à l’avortement légal et sans risque, nous nous unissons, militantes et militants, allié-es, supporteurs et supportrices du droit à l’avortement aux quatre coins du monde, et exhortons le Conseil à condamner les attaques à l’encontre des militant-es pour le droit à l’avortement et à répondre de toute urgence aux violations de droits humains découlant du refus de soins d’avortement complets – par ses résolutions, ses décisions, ses dialogues, ses examens et ses débats. Par ailleurs, nous enjoignons les gouvernements à travers le monde de respecter, de protéger et de réaliser le droit des MDHF de travailler à assurer l’accès complet aux soins d’avortement et post-avortement en étant protégé-es contre toutes les formes d’intimidation, de harcèlement et de violence de la part d’acteurs étatiques et non étatiques.

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